Le Parisien et Le Drian qui parlent de la Syrie, c’est le double effet kiss cool : le quotidien larbin du pouvoir et le ministre larbin de l’axe américano-israélien – un ministre qui en plus fait de la figuration puisque c’est Macron qui fait tout le boulot – tombent à bras raccourcis sur la coalition qui a sauvé la Syrie... des griffes de la coalition franco-anglo-israélo-saoudo-américaine, qui a soutenu, armé, financé et entraîné les milices islamistes contre le pouvoir d’Assad. Un soutien immoral et contre-productif qui fera tache longtemps dans l’histoire de notre diplomatie.
Tout y passe : les bombardements, les « gaz », la « ligne rouge »... on se croirait revenus en 2013 lors du massacre de la même Ghouta, où plusieurs centaines de civils (entre 500 et 1 800) avaient péri sous un bombardement d’obus à gaz de combat.
À l’époque, le New York Times et Le Monde – ce tam-tam mondialiste aurait dit Céline – avaient hurlé à l’unisson à « Assad le boucher », « Assad le gazeur », avec des clins d’œil appuyés vers la Shoah. Il fallait diaboliser le président syrien et provoquer l’entrée en guerre des États-Unis et de ses alliés.
Résultat : Obama, qui doutait de ses propres services de renseignement, avait reculé et ce pauvre Hollande s’était retrouvé tout seul avec sa pétoire, en slip kangourou. Fini le bombardement des lieux stratégiques de Damas, oubliée la remontée de la cote de popularité. Hollande était rentré dans sa case, avec sa danseuse Gayet et ses journalistes ramasse-miettes, et on apprendra, discrètement, deux ans plus tard, que les tirs des obus à gaz ne venaient pas du camp d’Assad.
Cinq ans plus tard, l’intervention directe revient sur la table, car la coalition du Bien a perdu la guerre (de Syrie) face à la coalition du Mal, à savoir la Syrie, au premier chef, avec d’immenses sacrifices, la Russie, l’Iran et le Hezbollah. Les méchants ont gagné, et ça ne peut pas être.
Alors, avec un courage sans nom, notre ministre des Ventes d’armes aux islamistes via l’Arabie et le Qatar réagit et tape du poing sur la table. Le Parisien, fidèle à sa soumission aux pouvoirs visible et invisible, une soumission qui a fait fuir les lecteurs et partir les vrais journalistes, fait tonner la voix du larbin. Que voulez-vous, on a les élites médiatico-politiques qu’on mérite...
Tragédie humanitaire en Syrie : « Tout immobilisme est coupable »,
avertit Jean-Yves Le Drian
Alors que les bombardements du régime syrien et de son allié russe tuent en masse à la Ghouta en Syrie, Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, nous a accordé un entretien. Patron de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian plaide pour qu’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU soit adoptée pour mettre en place une trêve immédiate à La Ghouta Est.
Les massacres se suivent en Syrie. Mardi à Alep, ce mercredi à la Ghouta. Plus de 350 000 Syriens sont morts depuis le début du conflit. Vous dites pourtant que le « pire est à venir ». Pourquoi ?
Jean-Yves Le Drian. Il n’y a pas de mots pour décrire ce qu’il se passe dans La Ghouta Est. Ce sont les termes employés aujourd’hui par l’UNICEF. Une centaine de morts par jour, dont de nombreux enfants, des hôpitaux bombardés, … en violation du droit international. Il n’y a eu qu’un seul convoi humanitaire depuis début janvier, sans parler des blessés. Face à cela, tout immobilisme est coupable. Il faut agir vite.
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La Russie soutient cette opération du régime. Ne craignez-vous pas qu’elle mette un veto à cette résolution ?
Il faut que chacun prenne ses responsabilités face à ce drame qui se déroule devant l’opinion publique mondiale. La Russie a les moyens de pression nécessaires auprès de Bachar al-Assad. Elle devrait valider cette résolution. Et ensuite, faire en sorte que la trêve soit respectée et que l’aide humanitaire soit acheminée. Et il n’y a pas que La Ghouta Est. Il y aussi des bombardements sur Idlib, où se trouvent trois millions d’habitants et les neuf régions assiégées par le régime.
[...]
Vous disiez il y a trois semaines que des « indications » montrent que le régime syrien a recours a du chlore contre des civils. En avez-vous désormais la preuve ?
Nous avons redit notre ligne rouge sur les armes chimiques. L’usage du chlore en fait partie, sous réserve que cette utilisation soit létale et avérée. Ce n’est pas le cas dans la Ghouta-Est aujourd’hui, et c’est la même population martyrisée qui avait été visée avec du gaz sarin en 2013.
Gazés ou bombardés, des Syriens meurent. Quelle différence ?
L’usage de l’arme chimique est un tabou depuis la première guerre mondiale, interdit par le droit international depuis près d’un siècle et spécialement par la convention de Paris de 1993. L’ensemble des pays s’est engagé à ne pas en utiliser. Or Bachar al-Assad transgresse toutes les lois et les règles du droit de la guerre. De ce fait, la prolifération chimique que l’on pensait évacuée est en train de renaître. C’est inacceptable et dangereux pour l’avenir, pour notre sécurité.
Dans ce contexte, quelle est la ligne de la France vis-à-vis de Bachar al-Assad ? Faut-il renouer le dialogue directement avec lui ?
Je le redis, il faut être doublement réaliste : le départ de Bachar Al Assad n’est pas un préalable ; mais, plus que jamais, il est l’ennemi de son peuple, ce qui ne rend pas réaliste l’idée de son maintien dans une Syrie réconciliée.